« La dame au chapeau » réalisée en 1907 par le peintre belge Léon Spilliaert est un des tableaux sur lesquels je me suis attardée. Je vous livre ici ma proposition d’une relecture de sa création pendant un shooting photo rétro Mademoiselle Louison.
Après bientôt trois ans passés à réaliser vos portraits en mode Belle Epoque, je prends enfin le temps de découvrir des artistes peintres d’antan pour m’instruire, m’inspirer et toujours me renouveler.
Le courant de la femme seule
Le plus souvent lors de votre activité « photo » à Paris avec moi, je vous fais prendre confiance avec des pauses « debout » ou assisses suivant votre humeur de début d’expérience « back to 1900 ». Pour Mesdames, votre « vous » en dame au chapeau de la mode Belle Epoque est avant tout une familiarisation avec cet accessoire imposant et peu commun à nos têtes dénudées d’aujourd’hui.
Je vous mets toujours à l’aise en vous rassurant sur le fait que l’objet ancien est précieux certes, mais que ma priorité est votre bien-être et votre tenue pseudo décontractée. Car oui, j’ai décidé de sortir des portraits guindés ou sur-esthétisés de la période d’alors pour mettre en valeur des personnalités d’aujourd’hui dans une élégance passée accessible à toutes. Et je vous mets surtout en scène libérée des projections de la bourgeoise idéalisée de ce moment de l’histoire.
Grâce à la lecture de l’article très documenté de Lyse Van Campenhoudt « La femme fin-de-siècle et la mode à travers la peinture belge », vous prenez toute la mesure du genre particulier de La femme seule inventé par le peintre Alfred Stevens. La femme représentée, tout comme les chapeaux et accessoires « tendance » peints, n’est que support à mettre en lumière l’idéal porté et véhiculé par la bourgeoisie 1900, autant dans ses attitudes, ses postures que ses habitudes et ses usages.
La femme ne compte pas plus que ses apparats. Ils sont tous au service d’une mise en scène du temps, comme nos mannequins des couvertures des magazines modernes de notre XXIe siècle. Comme le dit si bien Lyse Van Campenhoudt, « La mise est (…) l’outil qui permet de construire l’image d’une classe et d’incarner un idéal de la femme bourgeoise. La mode est le marqueur d’une identité sociétale, se faisant le vecteur de l’intérêt pour la modernité et les dernières tendances ou soulignant des privilèges tels que le fait de prendre des vacances. »
Une dame au chapeau de caractère
Ce qui m’a plu dans le tableau de Léon Spilliaert de 1907, c’est qu’il a décidé de rompre avec cette figure idéale et désincarnée de la femme seule de Stevens. Sa dame au chapeau lance un regard noir sur sa droite et ne semble pas confortablement installée, enroulée dans sa traîne de tissu. Nous la sentons sombre, dérangée, prisonnière de son temps et d’une mode asservissante.
Nous ne la trouvons ni séduisante ni élégante mais ternie pas ce chapeau gigantesque, étouffée par ce col trop serré. La dame au chapeau de Léon Spilliaert n’est pas à « sa place » dans le le genre de la femme seule où « Le vêtement sert une représentation de femme attendue à laquelle tout membre de la bourgeoisie peut s’identifier » (Lyse Van Campenhoudt).
Son oeil critique nous permet de donner la part belle à toutes ces femmes de caractère qui ont commencé à s’émanciper à partir de cette époque.
Une dame au chapeau adoucie
Ma dame au chapeau est allongée dans une banquette fleurie. Elle se laisse aller dans les bras d’un amant doux symbolisé par cette robe de velours vert. Elle a pris sa liberté en profitant d’une après-midi de moments passionnés au beau milieu de son salon privé. En pleine lumière, elle se donne vie à ses fantasmes. C’est une dame au chapeau adoucie mais sans niaiserie. Elle maitrise son destin et ses envies. La dentelle autour de son cou ne l’enferme pas mais symbolise une lingerie désinvolte, libérée du corset et exhibée.
Elle s’occupe de fleurir en donnant corps à son imaginaire. Son regard est d’ailleurs encore perdu dans la tiédeur toujours perceptible de ses ébats. Je voulais une dame au chapeau déterminée à user de son temps pour servir son dessein.
Un double regard
Avec les séances photos rétros Mademoiselle Louison en costumes et accessoires Belle Epoque, j’ai progressivement appris à m’émanciper des figures de la dernière mode d’alors pour construire ma propre lecture de ses mises de style. Je me sers des tenues de la bourgeoisie 1900 en la juxtaposant à nos personnalités d’aujourd’hui. J’espère ainsi combiner les deux pour nous interroger sur la mode actuelle et ses personnifications qui, sous couvert de nous représenter totalement libérée, nous cloisonnent dans une ultra féminité manipulée où l’élégance de la mise est vulgarisée. J’espère contribuer à mon niveau à faire renaitre l’envie de vous révéler avant tout dans l’apparence qui est vôtre : réinventée, singulière et habitée.
N’hésitez plus et venez vous offrir des souvenirs photographiques de voyage dans le temps « back to 1900 ». Je vous attends !
ENVIE D’UNE ACTIVITÉ PHOTO COSTUMÉE ?
Mademoiselle Louison vous invite chez elle dans son studio privé en plein Paris et vous habille avec des tenues et des accessoires vintage de la Belle Époque.
Parés comme en 1900, vous vivrez l’expérience de portraits d’antan avec des mises en scène sérieuses et amusantes.
Un souvenir photo personnalisé à faire seul.e, à plusieurs, en duo ou en famille.